1989
Avril/mai, j'ai 12 ans et c'est presque la fin de l'année scolaire en Italie. La prof d'italien nous remet un livret avec les choix possibles pour notre future scolarité. Je le feuillette, je l'amène à la maison et j'en parle avec ma mère.
A
l'école, jusque là, je n'ai pas eu énormément de soucis, je ne fais que
le stricte minimum pour des bonnes notes, j'aime les maths et les
matières littéraires, mais pas du tous les matières scientifiques.
J'aime beaucoup aussi le français. Langue que j'ai commencé à étudier en
1ère année de collège.
J'ai aussi de la famille à l'étranger, j’aimerais bien comprendre leurs discours quand il reviennent en vacance...
Dans mon environnement, les choix sont assez restreint, à 15 minutes de bus, un lycée scientifique, un institut de "Ragioneria" ou un institut pour "Géomètres". Il y a aussi le "Lycée Classique"
celui qui est spécialisé pour les langues anciennes et les matières
littéraires. Mais ce n'est pas les langues mortes que je veux apprendre ! Je ne veux pas non plus, faire un institut comme la plupart de mes camarades. Je ne veux pas me retrouver derrière
un bureau, enfermée toute la journée devant un écran à écrire des
courrier, gérer des factures ou prendre des rendez-vous !
Et
comme je ne fais jamais rien comme personne, je dis à ma mère que les
études que je voudrais faire c'est pour apprendre les langues
étrangères. Le seul institut, pas très loin de chez nous - mais quand
même à une heure de car - est privé et payant évidemment. 400.000 lires
en 1990. Ma mère me dit que c'est cher et que avec le seul salaire de
mon père (elle est mère au foyer), on ne pourrait pas le faire. Je lui
réponds que dans ce cas, ce n'est pas bien grave, je vais me trouver un
travail et j'irai travailler... Ça ne me fait pas peur. Mais ma mère ne
l'entend pas de cette oreille, et fait tout pour que je puisse faire les
études que j'ai choisies.
1996
Fin juin, c'est l'année de la maturité.
Je passe mes examens de fin de cycle et j'ai, enfin, en main mon Baccalauréat italien "Diplôme de Langues et Littératures Étrangères", mais qu'est-ce que je
vais bien pouvoir faire avec ça?
Aucune idée !
J'ai bien aimé ces années de culture étrangère, de littérature de ces pays, leurs histoires...
Je parle français assez bien ; anglais assez bien aussi, et un peu d'allemand.
Le
français a toujours été une grande passion, dans mes années de
primaire, collège, mais aussi encore au lycée, je regardais sans arrêt "Lady Oscar", "La Tulipe Noire"
et plein d'autres dessins animés qui me reportaient à la magnifique,
même si bien triste, époque de la révolution française. Cette grande
période de changement pour ce pays extraordinaire. Ce pays capable de se
révolter contre un tyran qui jouit du meilleur pour crever de faim son
peuple, qui se bat pour la liberté et l'égalité, était MON HERO !
C'était pour moi, ce qui symbolisait la liberté pure, j'aimais ce peuple
et ce pays sans le connaitre vraiment.
1999
Mon rêve devient réalité !
Je part pour la France,
dont je fais mon idéale de vie. Je suis euphorique et me souvient
encore de mon arrivée à l’aéroport Charles-de-Gaulle en une froide
soirée de février, j'étais émerveillée par ces maisons à deux étages au
toit d'ardoise. Chose jamais vue chez moi, où toutes les maison ont des
toits donnant sur le rouge. J'étais dans un autre monde, j'étais enfin
dans mon rêve.
J'ai
vite déchanté, la famille qui m'a accueilli n'est pas finalement si
bien qu'elle l'a prétendu, et après pas mal de péripéties, je fini par
travailler comme hôtesse d'accueil - standardiste à mi-temps, pour une
entreprise prestataire à laquelle je dois quand même ma vraie
installation en France, avec papier en règle, carte de séjour, contrat
de travail, numéro de sécu et tout le tralala.
Ma famille me manque, mais j'adore vivre ici et y travailler.
J'aime
le contact avec les gens, cet échange au quotidien, d'autant que je
travaille dans une banque italienne et c'est plus facile pour moi
d'améliorer mon français tout en continuant à parler ma langue.
C'est
ici que j'ai connu celle qui deviendra ma meilleure amie, mon témoin de
mariage et la marraine de ma fille. Elle m'aide énormément dans la
compréhension du français et du fonctionnement bureaucratique, mais pas
que. Elle me guide dans mes pas, elle fille d'émigrés italien. Elle qui a
un DEUG en main et qui le soir donne des cours d'italien à un groupe de
français. Elle qui aime le français et l'italien autant que moi, est
une figure importante dans ma vie.
Puis
je deviens "volante", comme nous nous appelions entre collègues, celles
qui ont un contrat à temps plein, qui remplacent les "fixes" pendant
leurs absences, leurs congés maladies, leurs vacances. Le matin sur un
site, l'après-midi sur un autre, des longues journée sur
Paris-Ile-de-France, à me déplacer en transport parce que je n'ai
toujours pas de permis. Mais à Paris, avec les transports en commun à
toute heure...je pense pas du tout à passer mon permis.
Je
suis volante jusqu'à la naissance de mon deuxième enfant. Puis je
demande un congé parental de quelques mois, et un poste à temps partiel
le matin, pour pouvoir aussi m'occuper de mes enfants, étant donnée que
la grande a déjà 2 ans et 1/2 et je ne l'ai presque pas vue grandir avec
mes horaires impossibles.
2008
J'arrive
sur un site en île de France, que je connais bien pour y être allée
souvent remplacer des collègues. J'aime ce que je fais, j'aime
accueillir les clients, répondre au téléphone et même faire quelques
travaux de secrétariat.
Mais
je ne sais pas que mon employeur a perdu le contrat et en fin d'année
je devrai partir sur un autre site, je suis déçue, j'aime bien ce site
là. Je propose alors au "client" de m'embaucher comme "hôtesse cliente",
comme ça m'est arrivé de voir dans certains autres site, et après
divers échanges, je réussi à avoir un contrat au même taux horaire que
mon précédent. Je suis contente et m'investis à fond.
Je travaille tellement bien que tout le monde est content de moi, et que un an à peine après avoir été embauchée, le "Directeur du réseau territorial et de la communication" me demande de remplacer son assistante de direction qui part bientôt en maternité !
Je
suis en pleine panique, je n'y connais rien, moi, au travail d'une
assistante de direction, je n'ai pas les compétences, pas les capacités,
je me sens absolument nulle et j'ai peur. D'autant que s'il faut écrire
des courriers, mon français est encore assez boiteux. Le directeur,
ainsi que le Secrétaire Général de l'association en question me
rassurent : pour quelques mois, je n'ai pas à m'inquiéter, je m'en sortirai très bien.
J'accepte, mais à condition de retrouver mon accueil au bout de cette
mission. L'avenant au contrat est stipulé en ce sens. Je redescends à
l'accueil dès que l'assistante de la "Direction des Territoires"
revient.
J'aime bien cet interlude, ça me change, j'apprends de nouvelles choses et finalement ce que je fais n'est pas si mal que ça !
Mais,
une autre assistante, de la Direction Générale cette fois, démissionne.
Sa collègue, assistante du Président et du Délégué Générale, me dit un
jour "quand tu auras fini de remplacer C. tu viendras travailler avec moi!". Du tac au tac, je lui ai répondu "oui, oui, c'est ça...!" Pour moi, c'était une blague. On en restait là. Mais de temps en temps, elle revenait à la charge "n'oublie pas que tu m'as dit oui..." - "mais je plaisantais, je ne vais pas travailler avec toi, je ne sais pas faire ton travail." Elle me répétait sans cesse "tu verras que tu vas y arriver très bien, je suis là, je t'aiderai à apprendre le métier".
Elle qui à la base, n'est pas assistante non plus, et qui a appris sur
le tas, est très appréciée car très rigoureuse, très "carrée" dans son
travail et parfaitement organisée !
C'est comme ça que je suis devenue secrétaire, malgré moi !
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